Entretien au Cabinet de Mr le Ministre Rachid MADRANE
1. Félicitations pour Les différentes actions de Mr le Ministre Madrane notamment contre la discrimination à l’embauche.
SeniorFlex asbl a été fondée en 2003, pour représenter, défendre et valoriser, en Belgique et en France, les Seniors de 45+ qui souhaitent continuer à exercer une activité rémunératrice. Les 45+, c’est 1/3 de la population, mais ils sont désorganisés et personne ne tient compte ni de leurs besoins, ni de leurs souhaits.
Or, la Belgique est à la queue de tous les pays de l’OCDE en ce qui concerne le taux d’activité de ses seniors. Et l’opinion publique, soutenue par une législation injuste et dépassée, est généralement hostile au travail des Seniors, qu’on écarte du marché du travail dès l’âge de 45 ans, alors que la longévité est en moyenne de 85 ans. Aucun système de sécurité sociale n’est financièrement capable de résister à un tel alourdissement, et la solution est donc dans l’activité productrice pour plus de monde, pendant de plus longues carrières. Il est plus urgent d’encourager le travail que de réformer les allocations sociales….L’emploi crée l’emploi !
Et le 11 janvier 2013, les mesures annoncées par le Collège des Ministres pour encourager le travail des pensionnés, c’est un bon premier pas dans la bonne direction, dont SeniorFlex se réjouit particulièrement.
En effet, les solutions espérées par les seniors actifs dépendent de l’action concertée de plusieurs ministres, et touchent l’économie du pays tout entier.
2. Le chemin à parcourir reste impressionnant, pour rattraper notre retard en matière d’activités rémunératrices des Seniors.
Il ne suffit pas de souhaiter publiquement que les seniors restent actifs plus longtemps, encore faut- il être conscient de tous les freins qu’ils rencontrent pour ce faire et s’attacher à les supprimer, avant de construire des incitants valables pour les aider à trouver du travail.
3. Si le marché du travail continue à rejeter les seniors de 45+, la pénurie de main d’œuvre et de compétences que l’on connait ne fera que s’aggraver. Il y a donc urgence. Il y a en Belgique beaucoup de chômeurs, mais plus encore de positions ouvertes qui ne trouvent pas de titulaire ! Sans parler du travail au noir !
Pour le grand public, et beaucoup d’entreprises, on est qualifié « senior » dès 45 ans. La règlementation du travail des chômeurs, des prépensionnés et des pensionnés est donc concernée: les plafonds des pensionnés restent un handicap très lourd, qui influence l’opinion publique et l’esprit des seniors eux-mêmes. « Quand on est « senior », on ne peut plus travailler ! » Rien n’est plus faux !
Les effets pervers de nombreuses dispositions règlementaires devraient être rapidement corrigés. Cessons de dire que lorsqu’on est senior, on ne vaut plus rien pour personne. C’est faux. (Voir l’article les Seniors, sauveteurs des PME ?)
Nous avons beaucoup réfléchi aux activités rémunératrices pour seniors et aimerions parler avec Mr le Ministre de plusieurs solutions possibles.
- 1. Le Télétravail, dont la règlementation ne considère que la version salariée. Les Indépendants peuvent trouver de la flexibilité dans des activités free lance, mais c’est loin d’être organisé. A qui s’adresser pour trouver des missions à domicile? Un site gouvernemental d’emploi senior ?
- 2. Le travail intermittent, ou précaire, qui s’accorde mal avec les cotisations perennes du statut social des indépendants. Ne pourrait- on imaginer un statut de senior actif, basé uniquement sur les revenus encaissés ?
- 3. En France, le statut d’auto entrepreneur permet, pour une période limitée, d’adapter une contribution sociale spécifique aux revenus des périodes d’activité.
- 4. La rigidité de la période « carrière »- entre 20 et 65 ans - pour le calcul des pensions, entraine d’une part des carrières incomplètes pour ceux qui font des études universitaires, et par ailleurs, l’impossibilité de compléter une carrière incomplète par un travail prolongé au delà de 65 ans.
4 a-la collaboration avec les autres institutions compétentes en matière d'emploi, de formation et d'enseignement à Bruxelles nous semble nécessaire
- 5. La Validation des Acquis de l’Expérience de terrain - VAE –
ou Consortium de validation des compétences fonctionne mal en Wallonie, bien en Flandre, cahin caha à Bruxelles , et insuffisamment pour les indépendants. Il faudrait améliorer les certifications à la carte, pour toute expérience professionnelle acquise par la pratique de terrain, comme en Irlande où le système étatique de certification existe depuis 1998. (TRED)
On ne demande plus les diplômes des seniors, mais une certification de compétence pratique peut être très utile et intéressante, sans impliquer des années supplémentaires de cours théoriques pour l’obtenir.
- SeniorFlex suggère également de lier ces certifications à l’organisation d’intérim dans l’enseignement, où les remplaçants sporadiques font cruellement défaut. Ce serait une solution win-win pour tout le monde !
- La transmission de PME avait fait l’objet d’une journée d’études du ministère des Classes Moyennes, il y a deux ou 3 ans. Pourrait- on évaluer la situation et voir comment faire connaitre ce domaine spécifique ? Les patrons de PME eux aussi vieillissent- et les seniors ont une expérience de vie souvent diversifiée, qui les prépare mieux à une reprise de « la mission de chef d’orchestre » d’une PME. ! Ne pourrait- on envisager une action concertée avec le Ministère des Classes Moyennes afin d’organiser la préparation du transfert de PME ?
- L’intérim, instrument structuré de la flexibilité , se refuse, par la voie de Fédergon ! à indiquer quelles sont les firmes d’intérim qui accueillent les seniors, par crainte d’être accusé de discrimination ! Comment former à l’accueil et au placement des seniors ?
- La formation continuée est essentielle pour maintenir le niveau d’employabilité des seniors, notamment en informatique. Existe-t-il un système pour aider les non- salariés à faire face aux coûts généralement élevés de ces formations ? Existe-t- il un Fond de formation, disponible dans chaque entreprise, pour chaque salarié, qui serait employé au maintien de ses compétences ou à sa réorientation, avant sa sortie vers le chômage ?( dif français = droit individuel à la formation)
10. SeniorFlex a développé sur son site www.seniorflex.org, une plateforme de réorientation en ligne, FLEXSENIOR , dont le service est réservé à ses membres. Nous les empêchons de déprimer, nous leur ouvrons les choix de formules flexibles en salariat, indépendance ou enseignement, nous les formons au Networking et les munissons d’une boite à outils avec les adresses d’accompagnateurs professionnels pour les aider à mener leur projet à bien.
Nous pensons que les 3 domaines devraient être proposés – avec flexicurité - dans les structures d’accueil de seniors actifs.
Actuellement, le Forem se régionalise, mais aucune préparation spécifique à l’accueil des seniors n’est en vue. La VDAB par contre, propose des accompagnements spécifiques dans le Club des 50+…
- 11. En France, les grandes entreprise ont la possibilité de « prêter l’expertise » de leurs seniors à des PME en croissance. L’article ci-joint de « Parrainer la Croissance » est très éloquent à ce sujet.
- 12. De toute évidence, les seniors ont un impérieux besoin de mobilité. La suppression des libres parcours des 65+, population plus fragile et pour qui la mobilité est essentielle pour trouver du travail, va réduire leurs possibilités de recherche de travail, et envoie des signaux contradictoires à l’opinion publique sur la valeur des seniors actifs. Cette discrimination par l’âge doit cesser, et les juniors et les seniors sont complémentaires et non concurrents !
13. Veut- on, ou non favoriser le travail des seniors ?
La création de nouveaux pauvres est unanimement dénoncée par les CPAS, tout comme par toutes les organisations caritatives : leurs budgets sont sollicités de façon explosive par des classes sociales nouvelles, jamais rencontrées auparavant.(Cf l’article « joindre les deux bouts » dans Le Soir du 19 mars 2013) Et le droit au travail des seniors n’est même jamais mentionné ! Il faut donc communiquer pour changer les mentalités !
14. Le Gouvernement se doit d’analyser les causes du travail au noir, et combattre les circonstances qui poussent tant de seniors à recourir à ces expédients dangereux pour tous, y compris pour le financement de la Sécurité Sociale.
Reculer l’âge de la pension, supprimer les prépensions, sans modifier les mentalités, ni l’arsenal juridique qui mine les efforts de ceux qui veulent trouver des activités rémunératrices, c’est aller droit dans le mur, et préparer de dangereuses explosions sociales.
15. Il nous parait important de créer une Commission interministérielle du Travail Senior – Plan emploi Senior ? (car le problème est transversal) auquel Seniorflex pourrait participer, pour faire part de son expérience de terrain, et ainsi proposer au gouvernement des solutions nouvelles pour l’activité des Seniors , ayant étudié les divers impacts dans chaque ministère, et donc recommandant des solutions cohérentes dans leur application !
16. Nous sommes disposés à participer, voire animer, tous les think tanks qu’il importe de créer pour résoudre d’urgence les problèmes de l’activité des seniors.